BOOK REVIEWS
Christian Henriot et Zheng Zu’an, Atlas de Shanghai — Espaces et représentations de 1849 à nos jours
Shanghai, avec ses mythes et ses réalités, a toujours suscité beaucoup dintérêt, en Chine comme ailleurs, intérêt dautant plus grand depuis que les réformes post-maoïstes ont entraîné la ville dans un formidable essor. Et encore une monographie de plus sur Shanghai, dira-t-on. Oui, mais quelle monographie !
Alors que les publications précédentes attachaient peu ou pas dimportance à la dimension spatiale et territoriale de la cité, cet atlas vise, selon les termes de ses auteurs, à « réintroduire lespace dans le temps, dire lhistoire à travers les mutations du territoire, voire spatialiser des processus et des phénomènes historiques ». Pour ce faire, ils ont su tirer le meilleur parti du matériau brut des archives quils ont ensuite croisé avec la profusion des cartes héritées du passé et des travaux contemporains, dont on trouvera les références en fin douvrage, respectivement dans les « Sources documentaires et cartographiques » (pas moins de huit pages) et la « Bibliographie des études shanghaiennes » (161 titres, répartis en deux parties : A. Fin de lEmpire - République et B. République populaire). En prenant le contre-pied de lapproche classique, Henriot et Zheng ont voulu concilier histoire et géographie : entreprise originale et ambitieuse plus que réussie.
Cest tout dabord, dans sa présentation, un ouvrage extrêmement attrayant de par son format peu commun (27 x 19), son impression sur papier glacé, et par-dessus tout, ses 121 planches polychromes qui permettent au lecteur mieux que les mots et les phrases, fussent-elles bien formulées de saisir lévolution de Shanghai dans sa dimension spatiale et temporelle.
Cest ensuite, de par son contenu, une mine dinformations extrêmement riches et variées sur absolument tous les aspects de la croissance shanghaienne. Latlas comprend six parties, toutes organisées sur le même schéma. Un texte introductif de deux à quatre pages est suivi dune série de planches, étayées de courts commentaires explicatifs : « Introduction » (10 planches), « La mutation des territoires » (40 planches), « Lespace politique et social » (18 planches), « Le dynamique des populations » (20 planches), « Les activités économiques » (19 planches) et « Vie culturelle et santé » (14 planches). Enfin, latlas se termine sur une chronologie qui va de 1843 à 1998.
En dépit de toutes les qualités susmentionnées, nous nous devons de relever les nombreuses erreurs de typographie qui émaillent ce travail. Parfois sans gravité, parfois franchement embarrassantes, elles se révèlent toujours nuisibles à la présentation, si ce nest à la compréhension. Car si les cartes sont belles, les légendes en revanche laissent à désirer. Cest ainsi que les e minuscules avec accent aigu deviennent des e majuscules avec accent grave. Aussi « antérieurs » devient-il « antÈrieurs ». La faute, se répétant plusieurs fois, laisse à penser que le problème provient du logiciel qui a servi à réaliser la cartographie. Ce genre de couac informatique se révèle plus gênant quand un mot devient carrément incompréhensible. On trouve par exemple : « Position du rivage des Óles » ! Le lecteur comprendra que dans le contexte, il faut lire « Position du rivage des polders » Mais le pire ou le meilleur est quand même la toute première phrase du premier chapitre qui commence ainsi : « Au milieu du XXIe [!] siècle, avant larrivé des Occidentaux [ ]».
Cela étant, aussi regrettables que soient ces coquilles, latlas dHenriot et de Zheng est et restera sans conteste un ouvrage de référence pour tous ceux qui appartiennent à ce champ de recherche aujourdhui bien établi : la « shanghaiologie ».